Quel est le bon moment pour commencer à proposer aux nourrissons des aliments solides ? Cette étude publiée dans le Journal de l'Académie américaine de Nutrition et de Diététique indique que de nombreux parents commencent à nourrir leurs bébés d’aliments solides et d'autres aliments hors lait maternel, bien avant l’âge préconisé par les recommandations actuelles.
Les recommandations sur le moment optimal d’introduction dans l’alimentation du nourrisson des aliments complémentaires au lait maternel ou aux préparations fixent l'âge de 6 mois environ, et la plupart des experts s'accordent pour dire que la diversification alimentaire ne devrait pas intervenir avant l’âge de 4 mois. Au cours de ces 60 dernières années, les recommandations sur la diversification alimentaire du nourrisson ont considérablement changé et ces changements de recommandations ont probablement créé un doute dans l’esprit des parents, des aidants naturels et des soignants. De nombreuses études sur la nutrition infantile ont déjà montré un manque général d'adhésion aux directives actuelles : ainsi les études suggèrent que 20% à 40% des nourrissons reçoivent des aliments autres que le lait avant l’âge de 4 mois.
Une photographie de la diversification en pratique : ici, les chercheurs ont analysé les données de la National Health and Nutrition Examination Survey (2009-2014) portant ici sur 1.482 nourrissons âgés de 6 à 36 mois pour préciser le moment de la première introduction d’aliments complémentaires. L’analyse constate que :
- 16,3% des nourrissons sont passés aux aliments complémentaires avant l’âge de 4 mois,
- 38,3% entre 4 et 6 mois,
- 32,5% entre 6 et 7 mois,
- 12,9% à l'âge de 7 mois ou plus.
La diversification alimentaire précoce est inversement associée à l'allaitement maternel : les nourrissons qui n'ont jamais allaité ou moins de 4 mois sont plus de 2 fois susceptibles de passer trop tôt aux aliments complémentaires vs les nourrissons qui ont été allaités 4 mois ou plus.
Des habitudes de diversification plutôt précoce : cette toute première étude représentative au niveau national (U.S.) sur la mise en œuvre actuelle de la diversification alimentaire confirme en effet des habitudes de diversification précoce, avec plus de la moitié des bébés recevant avant l’âge e 6 mois des aliments ou des boissons autres que le lait maternel ou une préparation. Et ce sont les bébés qui n'ont jamais été allaités ou nourris au sein qui apparaissent les plus susceptibles de vivre trop tôt cette diversification alimentaire.
Des résultats qui rappellent aux parents la nécessité d'introduire les aliments en temps voulu pour tirer le meilleur parti du lait maternel (ou des préparations pour nourrissons) et aux soignants la nécessité de former les parents aux directives sur l’alimentation du nourrisson. « Cette introduction d’aliments complémentaires trop précoce peut entraîner des carences de nutriments importants provenant du lait maternel, une introduction trop tardive est également associée à des carences en micronutriments, à des allergies et à des régimes alimentaires plus pauvres. », conclut l’auteur principal, Chloe M. Barrera, responsable du département Nutrition, Activité physique et Obésité des Centers for Disease Control and Prévention (CDC), qui appelle aussi les autorités à promouvoir un message plus cohérent.
Source: Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics Jan, 2018 DOI: 10.1016/j.jand.2017.10.020 Timing of Introduction of Complementary Foods to US Infants, National Health and Nutrition Examination Survey 2009-2014
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