Aux Etats-Unis ou au Canada, on les appelle les « parents hélicoptères ». On comprend que ces parents veillent en permanence sur leur enfant, interviennent « en urgence » au moindre problème et laissent, finalement peu d’initiative, d’autonomie et de liberté à leurs enfants. Cette recherche, présentée dans la revue Development Psychology alerte contre ce type d’exercice exacerbé de la parentalité, et associe ce comportement surprotecteur et sur-intrusif des parents à des troubles de comportement chez les enfants et à une difficulté à contrôler ses émotions ou ses impulsions.
Les chercheurs de l'Université du Minnesota, de Caroline du Nord et de l'Université de Zurich ont suivi 422 enfants pendant 8 ans avec des évaluations à 2, 5 et 10 ans. Ils cherchaient à savoir si le contrôle parental à 2 ans pouvait impacter la régulation émotionnelle et le contrôle inhibiteur à 5 ans, et l’équilibre émotionnel et les résultats scolaires à 10 ans. L'évaluation initiale du contrôle parental a été effectuée par observation de 6 minutes de chaque mère jouant avec son enfant. Les mères avaient été invitées à jouer avec l'enfant comme elles le feraient normalement à la maison. Les chercheurs ont noté les interactions de la mère avec son enfant et en particulier les signes de contrôle excessif, définis comme « des cas où le parent était trop strict ou trop exigeant compte tenu du comportement de l'enfant ».
Des conséquences sur l’équilibre émotionnel et la réussite scolaire : l’analyse révèle que les enfants de 2 ans sur-contrôlés par leurs mères sont moins capables de contrôler leurs émotions et leurs impulsions à l'âge de 5 ans. Ils sont également plus susceptibles de présenter des troubles émotionnels et des difficultés scolaires à l'âge de 10 ans. Précisément,
- des niveaux plus élevés de « sur-contrôle » par les mères d’enfants âgés de 2 ans sont liés à des niveaux inférieurs de contrôle émotionnel et inhibiteur à l’âge de 5 ans ;
- des niveaux plus élevés de régulation émotionnelle et de contrôle inhibiteur à l’âge de 5 ans sont associés à un risque réduit de troubles émotionnels et de difficultés scolaires à l’âge de 10 ans, à une meilleure performance scolaire et de meilleures aptitudes sociales ;
- les enfants de familles à statut socioéconomique plus élevé sont plus susceptibles d'avoir un meilleur contrôle inhibiteur et d'être plus performants sur le plan scolaire à l'âge de 10 ans ;
- les enfants ayant des troubles du comportement à l'âge de 2 ans sont plus susceptibles d'avoir des problèmes émotionnels et scolaires, et moins susceptibles d'avoir de bonnes aptitudes sociales et scolaires.
C’est ainsi un « effet indirect » de ce type de comportement excessif des mères qui est constaté sur la régulation émotionnelle et le contrôle inhibiteur des enfants à l'âge de 5 ans et différents aspects de leur épanouissement à l’âge de 10 ans.
Il est en effet important pour les tout-petits de faire de nouvelles expériences et de résoudre les problèmes eux-mêmes, sans intervention immédiate de leurs mères, commentent les auteurs. Les enfants ont besoin de temps pour tenter de se débrouiller tout seuls : ces expériences personnelles participent au développement des compétences nécessaires pour pouvoir, plus tard dans la vie, contrôler ses émotions et ses impulsions.
Source: Development Psychology June 18 2018 DOI : 10.1037/dev0000536 Childhood Self-Regulation as a Mechanism Through Which Early Overcontrolling Parenting Is Associated With Adjustment in Preadolescence
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