Il est des périodes critiques pour la définition du risque d'obésité, comme les premiers mois de vie. L’allaitement maternel a durant cette période tout son rôle à jouer, rappelle cette étude française de l’Inserm, qui prend en compte l’apport nutritionnel sur les 2 premières années de vie. Ses conclusions présentées dans le Journal of Pediatrics, démontrent l’association entre l’allaitement maternel et le risque d’obésité à 20 ans.
Les chercheurs français ont travaillé à partir des données nutritionnelles et alimentaires de 73 enfants participant à la cohorte ELANCE (Etude Longitudinale Alimentation Nutrition Croissance des Enfants) estimées à l'âge de 10 mois puis à nouveau à 2 ans. L'allaitement maternel a été défini comme l'allaitement maternel exclusif ou partiel, indépendamment de sa durée. À l'âge de 20 ans, les participants ont été à nouveau évalué pour leur poids, taille, épaisseur du pli cutané sous-scapulaire et la masse graisseuse.
D'autres études ont porté sur l'influence de l'allaitement sur le risque pour l'enfant de développer une obésité. On peut citer cette étude qui met en avant le rôle correctif de l'allaitement maternel de bébés issus de grossesses diabétiques sur le risque d'obésité. Ou encore cette étude, plus ancienne des US Centers for Disease Control and Prevention (CDC) qui démontre que les enfants allaités au sein pendant leur petite enfance ont moins de risque d'obésité que les enfants nourris au biberon. Des résultats qui s'expliquent aussi par l'adaptation, en fonction du mode d'allaitement choisi, de la capacité d'autorégulation de la prise alimentaire du nourrisson. Mais il faudra aussi cette large étude, menée sur des jumeaux, publiée dans Social Science and Medicine au titre provocateur « Is Breast Truly Best ? ». L'étude démonte la plupart des bénéfices attribués à l'allaitement maternel, dont la prévention du risque d'obésité. Bref les résultats restent contradictoires, certainement en raison de la prise en compte ou non de certains facteurs de confusion.
Prendre en compte l'ensemble des apports nutritionnels après l'allaitement : Cette étude qui prend en compte les apports nutritionnels après l'allaitement, permet d'identifier une association entre la nutrition sur une période plus large, les deux premières années de vie et ces bénéfices sur la santé, à long terme, soit une diminution de la graisse corporelle à 20 ans.
L'alimentation des jeunes enfants est souvent caractérisée par des apports élevés en protéines et faibles en lipides, or le lait maternel est riche en graisse et contient une faible proportion de protéines. Or, c'est le second résultat de l'étude, soit une association entre des apports élevés en lipides à 2 ans et une diminution de la masse grasse à 20 ans.
Les auteurs appellent ainsi à ne pas restreindre les lipides chez les jeunes enfants et à éviter les laitages allégés qui comportent peu de lipides et une proportion élevée de protéines avant l'âge de 2-3 ans. « Une restriction des lipides peut programmer le métabolisme de l'enfant pour faire face au déficit, mais cette adaptation le rendra plus susceptible de développer un surpoids lorsque les apports lipidiques augmenteront plus tard ». Cette restriction en lipides peut masquer ainsi les bénéfices du lait maternel et expliquer, en partie, certains résultats d'études contradictoires.
Source: Inserm Lait maternel et alimentation jusqu'à 2 ans: un moyen de prévenir le risque d'obésité de l'enfant et The Journal of Pediatrics 27 March 2014 doi.org/10.1016/j.jpeds.2014.02.020 Breastfeeding, Early Nutrition, and Adult Body Fat
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