Il reste des partisans de la non-mixité à l’école, qui soutiennent que séparer les garçons et les filles, par classe ou selon les établissements, améliore l’apprentissage et le »rendement scolaire » des enfants. Si en France, les établissements non-mixtes restent rares, malgré quelques partisans, ils se développent dans les pays anglo-saxons, en particulier aux Etats-Unis où l’on compterait à ce jour plus de 500 établissements publics non-mixtes. Cette méta-analyse, présentée dans le Psychological Bulletin, tranche : Point de bénéfice à des pédagogies différentes et spécifiques aux garçons et aux filles. La non-mixité n'apporte pas de meilleurs résultats.
Les facteurs invoqués par les partisans de la non-mixité sont nombreux et touchent à l'environnement éducatif, l'épanouissement et la performance scolaire, le renforcement de stéréotypes sexuels en particulier dans les matières scientifiques, l'agression, la victimisation, l'image corporelle…jusqu'à l'inégalité de traitement opérée par des enseignants majoritairement du sexe féminin.
Ici, les chercheurs ont donc effectué un large examen de la littérature scientifique sur le sujet puis la
méta-analyse de 184 études portant, au total, sur 1,6 millions d'élèves (n=1.663.662 participants), de 21 pays, des classes du primaire et du secondaire, d'établissements mixtes et non-mixtes, et sur des résultats multiples comme le score en mathématiques, en sciences, les aspirations scolaires, l'estime de soi et les stéréotypes de genre. Les chercheurs ont bien pris en compte les méthodologies des études, contrôlées, randomisées, ou non contrôlées.
Aucune différence significative :
· Les études non contrôlées montrent des avantages modestes pour l'éducation non mixte, pour les filles et les garçons, pour le rendement en mathématiques et en sciences. Toutefois, ces avantages en mathématiques ne sont pas significatifs dans les études à la méthodologie plus rigoureuse.
· Les études contrôlées montrent parfois de faibles différences en faveur de la scolarisation mixte, pour le critère aspirations scolaires et chez les filles.
· Cependant, les études jugées de qualité élevée, soit 57 études au total, par les chercheurs ne montrent aucun avantage à la non-mixité pour l'apprentissage comme pour le développement des enfants.
· Lorsque les chercheurs analysent séparément les données portant sur les écoles américaines, ils aboutissent à des résultats similaires.
· Enfin, pour les établissements qui affectent certaines classes sur certaines matières à un enseignement non-mixte, les auteurs n'identifient aucun avantage significatif, que ce soit pour les garçons ou pour les filles.
Le Pr Janet Shibley Hyde, de l'Université de Wisconsin-Madison conclut que cette large méta-analyse n'identifie aucune différence significative associée au mode mixte/non mixte de scolarisation. La justification la plus fréquente de classes non-mixtes porte sur l'opportunité, pour les filles de pouvoir mieux progresser dans les sujets « traditionnellement » dominés par les hommes, comme les mathématiques et la science : L'analyse ne confirme pas cette théorie.
Source: Psychological Bulletin Feb. 3, 2014 The Effects of Single-Sex Compared With Coeducational Schooling on Students' Performance and Attitudes: A Meta-Analysis (Visuel© jogyx – Fotolia.com)