Si le taux de mortalité infantile devient extrêmement réduit dans de nombreux pays industrialisés, de l’ordre de 10 à 20 décès pour 100.000 enfants, de nombreux décès pourraient encore être évités, en particulier avec une meilleure qualité des soins et une meilleure formation des professionnels de santé. C’est le bilan de cette série de 3 articles publiés dans le Lancet qui s’appuient sur les disparités constatées pour identifier des facteurs évitables et les interventions possibles. Parmi ces articles, un zoom sur l’Angleterre et le Pays de Galle, qui conclut à une estimation simple : 20% de ces décès pourraient être encore évités.
Ainsi, à la lumière de ce zoom britannique, chez les enfants âgés de 1 à 4 ans, le taux de mortalité varie de 15/100.000 à 23/100.00. Parmi ces décès d'enfants, et notamment les 4.601 décès examinés, 800 soit 20% s'avèrent liés à des causes évitables dont l'accident, le suicide ou la négligence.
Des taux de mortalité très variables selon les groupes d'âge et les pays étudiés : Ainsi, au plan international, le taux de mortalité global est plus élevé chez les enfants plus âgés aux Etats-Unis, en Australie et en Nouvelle-Zélande avec des causes bien spécifiques pouvant expliquer cet écart, ici les homicides, les accidents et les suicides, bref les morts violentes. Des indications qui vont permettre de s'attaquer, de manière ciblée, aux facteurs spécifiques à chaque pays ou chaque groupe d'âge.
Des profils de mortalité qui se précisent : Les chercheurs de l'Université de Warwick, « rangent » les causes de ces décès en 5 catégories : les causes périnatales, les anomalies congénitales, les causes naturelles acquises, les causes externes, et les morts inexpliquées et leurs facteurs en 5 types, biologiques, psychologiques, environnement physique, environnement social et liés aux services sociaux et de santé.
– Plus de 50% des décès d'adolescents sont liés à des causes externes, dont, principalement, les accidents de la route, les chutes, les agressions, le suicide et l'automutilation.
– La constante, dans ces analyses, sont des facteurs comme l'âge, le sexe et la génétique de l'enfant, mais surtout un ensemble de facteurs, à redresser, liés aux services sociaux et de santé.
– Le statut socioéconomique reste un facteur majeur de risque de décès pour l'enfant, et là encore les services sociaux et de santé ont un rôle primordial à jouer. Ce facteur pèse ainsi cruellement dans 5 pays riches, les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et le Portugal.
Une marge d'amélioration liée aux services de santé : A l'issue de leur analyse, les auteurs appellent à une meilleure formation des personnels de santé pour une meilleure connaissance des bonnes pratiques pour réduire la mortalité infantile évitable. Prévention, examens, mais aussi consignation systématique des causes du décès pour un meilleur suivi épidémiologique de la mortalité infantile, pourraient permettre de la réduire mais aussi, plus largement, d'élargir la protection de l'enfance. «Les politiciens doivent reconnaître que la survie de l'enfant est liée aux politiques socio-économiques qui réduisent l'inégalité ».
Sources: The Lancet September 5 2014
doi:10.1016/S0140-6736(13)61089-2 Learning from child death review in the USA, England, Australia, and New Zealand
doi:10.1016/S0140-6736(13)61090-9 Patterns of child death in England and Wales
doi:10.1016/S0140-6736(14)60581-X Understanding why children die in high-income countries (Visuel© tiero – Fotolia.com)
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