Un nouveau-né sur 2 exposé au triclosan, antibactérien et perturbateur endocrinien, c’est ce qu’on retiendra de cette étude menée au Centre médical Suny Downstate (New York). Les conclusions, présentées à la Réunion annuelle de l’American Chemical Society (ACS) et publiées dans la revue Environmental Science and Technology, relancent le débat sur la sécurité de ces antimicrobiens présents dans plus de 2.000 articles de consommation courante.
Le triclosan (et le triclocarban) des composés chimiques fréquemment présents dans les antibactériens ont déjà révélé leurs effets néfastes pour la santé du bébé, sur son système immunitaire, son développement musculaire ou sur le risque d'allergie. Cette étude estime qu'environ un nouveau-né sur 2 y est exposé et qu'un sur 2 y a été exposé in utero. On ne compte plus les études sur les perturbateurs endocriniens, on en avale au quotidien, dont font partie ces mêmes composés, on en trouve également dans les produits d'hygiène, y compris d'hygiène pour bébés. Parmi leurs multiples effets, ceux portant développement du cerveau de l'enfant.
L'étude montre ainsi qu'un nouveau-né sur 2 a été exposé in utero au triclosan, via l'exposition maternelle courante, en particulier par voie cutanée. Un nouveau-né sur 4 l'a été au triclocarban, un autre antibactérien. Le chercheur Laura Geer, co-auteur de l'étude, confirme, avec ces données, que les femmes enceintes peuvent être très exposées à ces composés aux capacités de perturbateurs endocriniens. Précisément, cette étude qui a testé 184 femmes enceintes pour les niveaux de triclosan et de triclocarban dans les urines et dans le sang de cordon, conclut que
· 100% des participantes sont positives pour le triclosan, 86% pour le triclocarban,
· 50% pour le triclosan et 33% pour le triclocarban, dans l'analyse du sang de cordon qui permet d'évaluer l'exposition du fœtus
· Globalement, chez ces femmes enceintes –résidant à Brooklyn-les niveaux de composés chimiques évalués sont plus élevés qu'en population générale américaine,
· Ces niveaux restent faibles, mais on ignore la marge de sécurité à long terme.
D'autres composés, comme les parabènes, sont également mis à l'index. Lors de leur présentation, les chercheurs rapportent que les femmes enceintes à niveaux élevés de butylparabène risquent de donner naissance à des bébés de faible taille. Des résultats certes encore préliminaires mais qui doivent alerter, « tel un indicateur possible de la perturbation endocrinienne ».
Un conseil aux femmes enceintes : «Éviter les produits étiquetés« antimicrobien »», car ces produits contiennent probablement du triclosan ou du triclocarban ». Enfin, au-delà du risque de troubles du développement et de la reproduction démontré chez l'animal et probable chez l'homme, ces composés sont suspectés de contribuer à la résistance aux antibiotiques.
Source: Environmental Science and Technology 2014 Aug 5 doi: 10.1021/es501100w Human fetal exposure to triclosan and triclocarban in an urban population from brooklyn, new york et ACS via Eurekalert (AAAS) Pregnant women and fetuses exposed to antibacterial compounds face potential health risks
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