L'obligation pour les adultes de porter des masques dans les écoles a bien un impact majeur sur la transmission de la maladie COVID-19, conclut cette étude, mais pas seulement, c'est aussi le cas pour les enfants. Cette large analyse de l'Université de Greifswald (Allemagne), publiée dans la revue Frontiers in Public Health, révèle ainsi que les premiers cas identifiés (cas index) dans les écoles étaient principalement des enfants, mais que le « développement épidémique » était plus grave lorsqu'un adulte était le cas index. Le port du masque par les enseignants et personnels scolaires permet ainsi de réduire considérablement les cas secondaires. Les chercheurs se prononcent également favorablement sur l’efficacité du port du masque par les écoliers.
Le rôle des enfants et des adolescents dans la propagation de COVID-19 reste incertain, soulignent les auteurs en préambule, mais les fermetures d'écoles et de maternelles ont fait partie des approches relativement courantes et dans de nombreux pays, pour lutter contre la propagation de la pandémie. On a cependant mieux mesuré aujourd’hui les effets néfastes que pouvaient entraîner les fermetures d’écoles sur le bien-être et l’équilibre psychique des enfants et des adolescents. Dans certains cas, il a été observé que ces fermetures pouvaient conduire à l'isolement social, mettre en péril l’apprentissage, voire le bon développement de l’enfant, sans compter les conséquences économiques pour les parents.
« Eviter autant que possible les fermetures d'écoles est devenu un objectif sanitaire en soi,
et il est donc essentiel d'identifier les facteurs contribuant à la propagation des infections dans les écoles », souligne l’auteur correspondant, le Dr Anika Kästner, de l'Université de Greifswald. Avec le Dr Martine Sombetzki, de l'Hôpital de Rostock et d’autres collègues, elle a analysé la dynamique des infections COVID-19 dans les écoles primaires et maternelles en fonction des mesures barrières mise en œuvre.
Sur l’efficacité du port du mas que dans les écoles : l’analyse des données de surveillance de la région de l’étude, entre août 2020 et mai 2021 et, précisément des épisodes épidémiques en regard des mesures de prévention (pas d'obligation de masque, confinement et fermeture des écoles, obligation de port du masque dans les écoles…) aboutit aux principales conclusions suivantes :
- dans les écoles, les enfants sont le plus souvent les cas index ;
- mais les épisodes épidémiques sont plus graves lorsqu'un adulte est le cas index ;
- dans les écoles primaires, où le port du masque a pu concerner les adultes et les enfants, en l’absence de port du masque, les cas index chez les adultes induisent en moyenne 4,5 cas secondaires et les cas index chez les enfants induisent en moyenne 0,3 cas secondaire ; avec le port du masque, les adultes index induisent 0,5 cas secondaires et les enfants 0,3.
- dans les écoles maternelles, où le port du masque n’a concerné que les adultes, les adultes index ont causé en moyenne 0,6 cas secondaire en l’absence d’obligation de port du masque et 2,8 cas secondaires avec le port du masque. Durant ces mêmes périodes (pas de port du masque des adultes, puis port du masque) les enfants induisent le même nombre de cas secondaire (0,5 en moyenne). Cette augmentation de R0 chez l’adulte, en dépit du port du masque pourrait s’expliquer par la prévalence croissante de la variante delta, qui provoque des infections plus fréquentes chez les enfants (donc plus de cas index chez les enfants, mais même R0).
Alors, le masque doit-il être obligatoire à l’école ? C’est plutôt la position des auteurs, qui reconnaissent que si ce n’est pas tâche facile, surtout chez les plus jeunes, les données suggèrent que les masques peuvent contribuer à réduire les épisodes épidémiques.
« Nos résultats montrent que le masquage obligatoire des enseignants, des personnels et des enfants dans les écoles au cours de l'année scolaire 2020 à 2021 a permis une réduction significative du nombre de transmissions de COVID-19 ».
Avec quelques limites cependant, en Allemagne, les vaccinations ne sont pas systématiquement enregistrées et l'influence de la vaccination n’est pas prise en compte. Enfin, l'hypothèse de l’étude est celle de mesures pleinement mises en œuvre et respectées lors de leur promulgation, ce qui reste difficile auprès des plus jeunes.
Source: Frontiers in Public Health 20 Dec, 2021 DOI: 10.3389/fpubh.2021.780039 Impact of Changes in Infection Control Measures on the Dynamics of COVID-19 Infections in Schools and Pre-schools
Lire aussi :