Depuis la pandémie COVID-19, de nombreuses études ont alerté dur la dégradation de la santé des jeunes, enfants, adolescents et jeunes adultes, notamment sur l’augmentation des troubles de la santé mentale chez ce groupe de population. Plusieurs équipes de recherche qui publient dans le Lancet -qui consacre une édition spéciale à cette grande priorité en santé publique- alertent à leur tour : sans changement radical et faute de réforme fondamentale des politiques et des systèmes de santé, les objectifs mondiaux de santé des enfants et des adolescents ne seront pas tenus. C’est bien la santé des générations futures qui est ainsi menacée.
Ce chiffre parle de lui-même : 8,6 millions de décès dont mortinaissances et décès chez les enfants et les adolescents jusqu'à 20 ans en 2019. Parmi ces décès, 1,9 million (23 %) sont des mortinaissances et 2,4 millions (28 %) sont des décès néonatals. 2,75 millions (32 %) sont des décès d’enfants âgés d’1 mois à 5 ans. Parmi les décès d'enfants plus âgés et d'adolescents, 506.000 (6 %) sont survenus chez les 5-9 ans, 368.000 (4 %) sont survenus chez les 10- 14 ans et 595.000 (7 %) chez les 15 –19 ans.
Avec un lien très fort entre la pauvreté et la fragilité sanitaire :
les enfants confrontés à la pauvreté précoce étant au moins 2 fois plus susceptibles de connaître des problèmes de santé au cours de leur jeunesse. A ces tendances de fond, vient s’ajouter l’impact du COVID-19 un impact tel qu’il induit une sorte de retour en arrière sur tous les progrès accomplis ces 20 dernières années en faveur de la santé des mères, des nourrissons, des enfants et des adolescents.
Vers une conception holistique de la préconception au début de l’âge adulte
Cette série d’études réunit aujourd’hui de nombreuses preuves scientifiques soutenant la nécessité et l’efficacité de programmes d’interventions holistiques couvrant globalement la santé maternelle, infantile et la santé des jeunes jusqu'à l'âge de 20 ans. Le concept soutenu, sur la base de premiers retours d’expériences, dans différents pays du monde est donc celui d’un cursus de soins complets et coordonnés qui commencent à la préconception et se poursuivent jusqu’au début de l’âge adulte. En effet, les approches actuelles apparaissent toujours trop fragmentées par groupes d'âge ou conditions de santé spécifiques, pour offrir des soins complets qui couvrent la nutrition, la prévention, l’éducation, la surveillance, dans tous les groupes d'âge, de la préconception à l'âge de 20 ans.
- L’impact du COVID est analysé non seulement à travers ses effets directs de perturbation des services de santé et d'éducation, ses conséquences sur la santé mentale des jeunes, mais aussi sur l’augmentation de la vulnérabilité de certains groupes d’enfants et d’adolescents plus exposés encore, durant la pandémie, à la violence, aux abus et aux négligences.
« En matière de santé infantile et de santé des jeunes, la pandémie COVID doit résonner comme un signal d'alarme pour la communauté mondiale, soulignant l’urgence de réformer en profondeur les politiques sanitaires destinées à la jeunesse ».
L’un des auteurs de cette édition spéciale, le Dr Zulfiqar Bhutta du Centre pour la santé mondiale de l'enfant de Toronto (Canada) et de l'Université Aga Khan de Karachi (Pakistan) ajoute : « Il nous reste moins de 8 ans ans pour atteindre les objectifs de développement durable de l'ONU sur la santé des enfants et des adolescents. Une nouvelle approche soutenant les enfants et leurs familles est nécessaire de toute urgence : en examinant la mortalité et la nutrition du troisième trimestre de la grossesse jusqu'à l'âge de 20 ans, nous avons une compréhension plus complète de la santé des enfants et des adolescents. Notre analyse indique clairement que les 2 premières années de vie sont des indicateurs cruciaux de la santé future, mais cette tranche d'âge n'est qu'une pièce du puzzle ».
Source: The Lancet 27 Apr, 2022 Optimising Child and Adolescent Health and Development