Cette étude de pharmacologues, d'allergologues et de pédiatres de l'Université de Washington suggère que les antibiotiques -ici précisément l'azithromycine- n'empêchent pas la respiration sifflante chez l’enfant hospitalisé pour une infection sévère par le virus respiratoire syncytial (VRS). L’étude, présentée lors de la réunion annuelle de l'American Academy of Allergy, Asthma & Immunology (Phoenix) alerte, dans le New England Journal of Medicine, sur le risque d’effet contraire, une augmentation de la respiration sifflante avec des antibiotiques de toutes sortes, chez les nourrissons hospitalisés avec le virus.
VRS et risque d’asthme : chez les nourrissons et les jeunes enfants, le VRS peut provoquer une bronchiolite, une infection des petites voies respiratoires dans les poumons et les nourrissons hospitalisés pour une bronchiolite à VRS encourent un risque accru de développer l'asthme : « Environ la moitié des nourrissons hospitalisés pour infection par le VRS recevront un diagnostic d'asthme avant l'âge de 7 ans », explique l’auteur principal, le Dr Avraham Beigelman, professeur agrégé de pédiatrie, allergologue et immunologiste à la Washington University School of Medicine. « Nous avons donc recherché des approches permettant de prévenir le développement de l'asthme chez ces enfants. Alors que lazithromycine a des effets anti-inflammatoires dans d'autres maladies des voies respiratoires, telles que la fibrose kystique, ces effets en faisaient un bon candidat. D’autant que de précédentes données d’étude préclinique et d’essai clinique plus restreint suggéraient bien cet effet ».
L'antibiotique azithromycine a des propriétés anti-inflammatoires bénéfiques dans certaines maladies pulmonaires chroniques, telles que la fibrose kystique. Les chercheurs de St. Louis ont donc regardé son potentiel dans la prévention de la respiration sifflante chez des nourrissons hospitalisés avec le virus respiratoire syncytial (VRS).
Pas d’effet de l’antibiotique azithromycine sur le risque de respiration sifflante
L’étude, menée auprès de 200 nourrissons hospitalisés au St. Louis Children's Hospital pour une bronchiolite à VRS pour recevoir soit de l'azithromycine par voie orale, soit un placebo pendant 2 semaines, montre cependant l’absence de différence pour ce symptôme, entre les bébés traités et non traités. L’analyse constate ainsi que :
- l'azithromycine abaisse bien un marqueur de l'inflammation des voies respiratoires appelé IL-8 : ainsi, les nourrissons traités à l'azithromycine présentent des niveaux inférieurs d'IL-8 dans le nez vs les nourrissons ayant reçu un placebo, ce qui confirme les effets anti-inflammatoires de l'azithromycine ;
- cependant, les enfants traités à l'azithromycine ne bénéficient d’aucune réduction significative du risque de respiration sifflante ;
- au contraire : 47 % des jeunes patients ayant reçu de l'azithromycine ont développé une respiration sifflante chronique vs 36 % du groupe placebo ; traiter ces enfants avec des antibiotiques peut au contraire exacerber ce symptôme.
Et les autres antibiotiques ? Bien que l'étude n'ait pas été conçue pour analyser les effets de différentes combinaisons d'antibiotiques, les chercheurs évoquent des preuves suggérant que l'azithromycine seule – chez ces enfants naïfs de tout autre antibiotique – pourrait augmenter le risque de respiration sifflante chronique.
D’ailleurs, ils concluent : « Il peut y avoir une augmentation du risque de respiration sifflante récurrente avec toute utilisation d'antibiotiques. Si l'étude n'a pas été conçue pour tester les effets de différents antibiotiques, il s'agit d'un message important à communiquer aux pédiatres, car les prescriptions d’antibiotiques restent fréquentes dans cette indication, en dépit de l’absence de directives cliniques. L'azithromycine et les antibiotiques en général n'ont aucun avantage dans la prévention de respiration sifflante ».
Source: New England Journal of Medicine (NEJM) 27 Feb, 2022 DOI:10.1056/EVIDoa2100069 Azithromycin to prevent recurrent wheeze following severe RSV bronchiolitis