Cette équipe de l'Université de Calgary qui compare deux stratégies, une évaluation en routine des niveaux de bien-être vs un dépistage par test de santé mentale standard, retient de préférence la première alternative pour détecter la dépression chez les mères pendant la grossesse et dans les mois qui suivent la naissance. Alors que plus d’1 femme sur 10 développe une dépression post-partum, l’étude, publiée dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ) a le mérite de plaider pour une détection systématique chez les femmes qui viennent de donner naissance. La dépression post-partum, qui induit des conséquences parfois sévères pour la mère et le développement de l’enfant ne devrait plus être ignorée.
Les auteurs proposent de nouvelles lignes directrices (canadiennes) sur ces soins de santé préventifs : rappelant que la dépression chez les femmes enceintes et post-partum est un problème grave, plutôt que d'utiliser un outil de dépistage de type échelle, avec un score seuil pour détecter la dépression, les cliniciens devraient interroger les patientes sur leur bien-être dans le cadre des visites de suivi de routine. L’auteur principal, le Dr Eddy Lang, médecin urgentiste et professeur à l'Université de Calgary et président du groupe de travail sur la grossesse rappelle l’importance de cette évaluation systématique : « La dépression chez les femmes enceintes et post-partum est dévastatrice, avec un lourd fardeau pour les familles,
il est essentiel de détecter la dépression chez la mère ».
A ce jour, il existe peu de preuves que le dépistage universel de la dépression à l'aide d'un questionnaire standard et d'un score de risque puisse améliorer les résultats des patientes et de leurs bébés, plus tard dans la vie. L’analyse de la littérature montre en effet des preuves insuffisantes des avantages du dépistage universel avec un questionnaire et un score seuil.
Questionner les jeunes mères sur leur bien-être lors des visites permet une approche individualisée plutôt qu’une approche unique. C’est la conclusion des entretiens menés par l’équipe de recherche avec de nombreuses patientes, afin de mieux comprendre leurs valeurs et leurs préférences en matière de détection de la dépression. Ces participantes retiennent en effet le principe de discussions avec le médecin ou la sage-femme pendant la grossesse et la période post-partum.
Une nouvelle ligne directrice est proposée -ici aux professionnels de santé canadiens-, qui interagissent avec les patientes enceintes et post-partum porte sur le suivi durant la première année suivant l'accouchement et qui s'applique aux femmes exemptes d’antécédents de dépression ou d'autres troubles mentaux. Elle recommande de :
- interroger les patients sur leur bien-être dans le cadre des soins habituels et des visites de routine,
- ne pas utiliser un test standard avec un score seuil pour détecter la dépression chez ce groupe de femmes ;
- rester vigilant face au risque de dépression durant l’année qui suit l’accouchement ;
- effectuer un bilan clinique à chaque visite pour décider des prochaines étapes.
« Ce qui est essentiel », concluent les experts, « c'est la vigilance clinique pour la dépression, dans le cadre des soins de routine, car le risque est élevé durant la première année qui suit l’accouchement et reste trop souvent négligé ».
« De plus, les professionnels doivent garder à l'esprit que
les patientes les plus à risque sont souvent les plus difficiles à détecter ».
Source: Canadian Medical Association Journal (CMAJ) 25 July, 2022 DOI: 10.1503/cmaj.220290 Recommendation on instrument-based screening for depression during pregnancy and the postpartum period
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