Ces produits chimiques dits « éternels » -car ils ne se dégradent jamais- sont bien démontrés comme nocifs pour la santé à de multiples égards. Or 1 enfant sur 5 présente des niveaux détectables de ces composés chimiques éternels, souvent supérieurs aux limites de sécurité, conclut cette recherche de l'Université de Bergen (Norvège). Si plusieurs pays européens travaillent désormais ensemble pour restreindre la production et l'utilisation de tous les PFAS en Europe, ces données dramatiques publiées dans l’International Journal of Hygiene and Environmental Health, confirment l’urgence de nouvelles règlementations, pour préserver au moins les prochaines générations.
Les PFAS sont un groupe de produits chimiques synthétiques présents dans les produits de consommation courante, notamment les vêtements, les cosmétiques, la peinture et les ustensiles de cuisine antiadhésifs. En raison de leur grande résistance à la dégradation, ces produits chimiques dits « éternels » s'accumulent dans la nature et chez l'Homme. Les aliments et l'eau potable contaminés sont les principales sources d'exposition aux PFAS. Aujourd’hui, chacun est ainsi exposé régulièrement et à long terme aux PFAS et on estime que plus des deux tiers des habitants des pays riches y sont exposés. Ces composés sont également retrouvés à des niveaux très élevés dans les poissons d'eau douce.
Il a été démontré que même à de faibles niveaux, les PFAS peuvent avoir des effets très nocifs,
et déclencher des cancers, des troubles cardiovasculaires, un dysfonctionnement endothélial, le stress oxydatif et l’hypercholestérolémie.
Ces composés sont largement documentés comme nocifs, en cas d'ingestion ou d’inhalation et nocifs également pour le fœtus et les bébés allaités, ajoutent les cherchueurs. D’autres effets négatifs sur la santé documentés comprennent une réponse vaccinale réduite chez les enfants et un faible poids de naissance.
L'étude, « the Bergen Growth Study 2», lancée en 2016 a consisté à prélever et à analyser des échantillons de sang de 1.094 enfants âgés de 6 à 16 ans pour préciser les niveaux de PFAS. Cette analyse révèle que :
- sur 19 PFAS examinés, 11 ont été détectés dans les échantillons de sérum ;
- 4 PFAS sont retrouvés chez tous les enfants participants (PFOS, PFOA, PFHxS, PFNA) ;
- 22% des participants présentent ainsi des niveaux de PFAS supérieurs aux limites de sécurité fixées par l'agence européenne EFSA, ce qui suggère un risque d'effets négatifs sur la santé ;
- des concentrations sériques significativement plus élevées sont retrouvées chez les garçons vs filles pour le SPFO, le PFNA, le PFHxS et le PFHpS ;
- des concentrations sériques de PFOS, PFOA, PFHxS et PFHpS sont également retrouvées à des niveaux significativement plus élevées chez les enfants de moins de 12 ans vs chez les enfants plus âgés.
Ainsi, il est clair que l'exposition aux PFAS est répandue chez les enfants, ici en Norvège, mais très probablement dans l'ensemble des pays européens. Environ 1 enfant sur 5 présente des niveaux de PFAS supérieurs aux limites de sécurité, ce qui prédit un niveau de risque sanitaire certain pour la nouvelle génération et impose de prendre des mesures urgentes pour préserver de ces expositions, les générations futures.
Source: International Journal of Hygiene and Environmental Health 7 June 2023 DOI: 10.1016/j.ijheh.2023.114199 Levels of per- and polyfluoroalkyl substances (PFAS) in Norwegian children stratified by age and sex – Data from the Bergen Growth Study 2
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