Les pères ont un rôle essentiel à jouer pour soutenir l'allaitement et sécuriser le sommeil du nourrisson, rappelle cette équipe de pédiatres de la Northwestern University Feinberg School of Medicine (Chicago) qui appelle les cliniciens à inclure et sensibiliser les pères aux protocoles permettant d’améliorer la santé du nourrisson. Un effort qui permettrait, en particulier, de réduire les disparités de santé des nouveau-nés, conclut cette équipe, dans la revue Pediatrics.
Car certains résultats mettent en évidence les disparités selon les communautés et en fonction de la « présence » du père, de santé mais aussi de taux de mortalité périnatale et infantile, ici aux États-Unis. En particulier en ce qui concerne la mort inattendue du nourrisson. Ensuite, l’étude révèle que seul un faible pourcentage de pères sont impliqués dans les interventions de préparation, d’éducation et de soutien mises en œuvre autour de la naissance du bébé.
Les pères pourraient faire une énorme différence
2 domaines critiques mériteraient un effort d’éducation et une sensibilisation accrue des pères, le sommeil et l’allaitement du nourrisson. En effet :
- les taux d'initiation à l'allaitement et d'allaitement à 8 semaines restent beaucoup plus élevés chez les pères déjà déterminés à l’allaitement maternel du bébé, que chez les pères n’ayant aucune idée sur la question…
- Seuls 16 % des pères connaissent et suivent les pratiques de sommeil du nourrisson recommandées.
L'étude menée auprès de 250 pères, interrogés 2 à 6 mois après la naissance montre en effet que l’implication des pères peut faire une énorme différence à la fois dans la prévalence d’allaitement maternel et la sécurité du sommeil du nourrisson. Parmi ses principales conclusions :
- parmi les pères déterminés à ce que la mère de leur enfant allaite, 95 % ont déclaré que la mère a bien commencé à allaiter ;
- 78 % ont déclaré que la mère allaitait toujours à 8 semaines ;
- Mais chez les pères sans opinion ou conviction, les taux rapportés sont bien moindres, respectivement de 69 % à la naissance et 33 % à 8 semaines ;
- si 99 % des pères participent à l’endormissement de leur bébé,
- seulement 16 % respectent les 3 mesures essentielles de sécurité du sommeil du nourrisson : position de sommeil sur le dos, surface et conditions de sommeil adaptées, l’évitement des literies molles ;
- ainsi, près d'un tiers des pères interrogés ne respectent pas au moins l’une de ces 3 recommandations.
« Les pères sont pourtant un parent tout aussi essentiel pour promouvoir l'allaitement et un sommeil sûr chez leur nourrisson », relève l'auteur principal, le Dr John James Parker, professeur de pédiatrie à la Northwestern University Feinberg School of Medicine et pédiatre au Lurie Children's : « L’absence d’implication du père prive de nombreux enfants des bienfaits de l'allaitement tout simplement parce que la mère ne reçoit pas le soutien nécessaire pour allaiter avec succès. Les pères doivent être directement impliqués dans les discussions et décisions d'allaitement et les professionnels de santé doivent sensibiliser les pères aux bonnes pratiques de l'allaitement et de sommeil du nourrisson ».
Parmi les conséquences de ce manque d’éducation des pères aux bonnes pratiques de soins du nourrisson, un taux de mort subite et inattendue du nourrisson (SMSN) des nourrissons de minorités défavorisées du double de celui des nourrissons plus favorisés…
Les pères doivent donc jouer un rôle plus affirmé dans la santé et le bien-être des enfants et des familles.
« L’amélioration des résultats de santé des enfants, passe par l’éducation et la préparation des 2 parents », concluent ainsi les auteurs.
Source: Pediatrics 16 June, 2023 DOI : 10.1542/peds.2022-061008 Fathers, Breastfeeding, and Infant Sleep Practices: Findings From a State-Representative Survey
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