Les enfants souffrant d'insomnie ont un risque élevé d’en souffrir également à l'âge adulte, souligne cette équipe de l’Université de Pennsylvanie. Alors que les troubles du sommeil – en particulier l'apnée du sommeil et l'insomnie – sont liés à une mauvaise santé cardiovasculaire et mentale, que l’âge jeune adulte est une période de la vie avec une prévalence plus élevée de problèmes de santé physique et mentale, ces données, publiées dans la revue Pediatrics sensibilisent parents et professionnels de santé à bien « gérer », dès l’enfance, ces troubles du sommeil.
Les symptômes d'insomnie chez les enfants sont susceptibles de persister à l’âge jeune adulte puis plus tard dans la vie, et les enfants insomniaques présentent un risque très accru de troubles du sommeil à vie, alerte l’équipe de la Penn, qui a suivi, avec cette étude de cohorte, les trajectoires de l'insomnie de l’enfance à l'adolescence et jusqu’au début de l'âge adulte.
« L’âge jeune adulte est une période de plus grande vulnérabilité mentale » rappelle l’auteur principal, le Dr Julio Fernandez-Mendoza, professeur agrégé de psychiatrie et de santé comportementale : « Les troubles du sommeil et en particulier l'apnée du sommeil et l'insomnie, sont également liés au risque de troubles cardiovasculaires »
25 % des enfants, 35 % des adolescents et 45 % des jeunes adultes souffrent d'insomnie
L'étude : l’équipe a donc regardé comment ces symptômes évoluent au fil du temps en menant une étude longitudinale basée un échantillon de 502 enfants âgés de 5 à 12 ans à l’inclusion et suivis durant plus de 22 ans. Les parents ont renseigné les symptômes d'insomnie des enfants et le sommeil des enfants a été évalué en laboratoire par polysomnographie. L’analyse constate que :
- 43 % des enfants présentant des symptômes d'insomnie continuent à souffrir d’insomnie à l'adolescence et jusqu’à l'âge adulte ;
- si environ 27 % des enfants présentant des symptômes d'insomnie ont connu une rémission des symptômes à l'adolescence, 19 % ont connu « des hauts et des bas » à l'âge adulte ;
parmi les enfants exempts d'insomnie,
- environ 15 % ont développé des symptômes d'insomnie au cours de la transition vers l'adolescence et ces symptômes ont persisté jusqu'à l'âge adulte ;
- 21 % en ont développé au début de l'âge adulte ;
- 16 % ont également connu « des hauts et des bas ».
- les symptômes d'insomnie chez les adolescents qui ont peu ou mal dormi en laboratoire sont 5,5 fois plus susceptibles de s'aggraver à l’âge adulte ;
- les mêmes symptômes d'insomnie auto-déclarés mais « contredits » par un bon sommeil en laboratoire ne sont pas en revanche associé à un risque accru d'aggravation de l’insomnie à l’âge adulte.
Une prise en charge s'impose dès l’enfance : il ressort de cette étude que les symptômes d'insomnie dans l'enfance sont susceptibles de persister dans le temps. Les parents et les médecins ne doivent pas supposer que ces symptômes d’insomnie sont bénins et disparaîtront tout seuls avec l'âge. L’insomnie doit être prise en charge dès l’enfance. Si l’étude n’avait pas pour objectif d’en identifier les facteurs, les chercheurs évoquent des causes « généralement comportementales ou environnementales », certaines pathologies, dont les troubles psychiatriques et comportementaux, tels que le trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH), l'autisme ou les troubles de l'humeur ; certaines conditions médicales, telles que des maux de tête ou des problèmes gastro-intestinaux sont également évoquées. Enfin, les facteurs socio-économiques devraient également être pris en compte.
« Nous savons aujourd’hui que le sommeil est un facteur majeur de santé. De nombreux enfants qui présentent des symptômes d'insomnie qui persistent à l'âge adulte souffriront également de conséquences négatives à vie ».
Source: Pediatrics 17 Feb, 2022 DOI : 10.1542/peds.2021-053616 Trajectories of Insomnia Symptoms From Childhood Through Young Adulthood
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