Une amélioration du taux de survie des nourrissons extrêmement prématurés est relevée par cette équipe de néonatalogistes de l’University of Rochester Medical Center (URMC) : grâce aux meilleures pratiques, le taux de survie des bébés nés à 22 et 23 semaines s'est considérablement amélioré au cours de la dernière décennie, confirment ces nouvelles données, présentées dans le JAMA, et cela grâce à une généralisation dans tous les territoires de pratiques « de pointe » jusque-là réservées à quelques spécialistes et à quelques établissements. Un appel donc à l’analyse et au partage des retours d’expériences ainsi qu'à la formation médicale continue.
Il s’agit de l’analyse des résultats de survie de 10.877 nourrissons nés à 22-28 semaines d'âge gestationnel entre 2013 et 2018, dans 19 centres médicaux universitaires qui forment le réseau de recherche néonatale financé par les NIH. Les conclusions sont impressionnantes.
Une amélioration considérable des protocoles de soins des grands prématurés
- La survie des nourrissons activement traités atteint 30,0 % à 22 semaines ;
- 55,8 % à 23 semaines.
Il s'agit d'un taux de survie considérablement plus élevé que lors de la précédente vague de l’étude, menée entre 2008 et 2012 : dans cette étude, la survie n’atteignait que 7 % pour les nourrissons nés vivants à 22 semaines et 32 % pour nourrissons nés à 23 semaines.
Cette amélioration des résultats chez les grands prématurés peut être attribuée à plusieurs facteurs, en particulier à l’amélioration des protocoles de soins, souligne l’auteur principal, le Dr Carl D'Angio, chef de la division de néonatologie de l'URMC. L'amélioration des soins est en effet constatée dans de nombreux domaines, dont la ventilation, la nutrition et l'hydratation des nourrissons. Lorsque les nourrissons naissent à 22 ou 23 semaines, presque tous les organes sont immatures, les poumons et le cerveau étant parmi les systèmes les plus à risque.
La survie oui, mais la santé ? L’analyse a également évalué les résultats de santé des nourrissons grands prématurés à l’âge de 2 ans, notamment le développement neurologique, l’incidence de la paralysie cérébrale, la vision, l'ouïe, le taux de réhospitalisation et le besoin d'appareils fonctionnels. Les résultats bien qu’en progression, confirment la nécessité d‘une surveillance médicale toujours extrêmement rigoureuse de ces bébés nés grands prématurés :
- un peu plus de 8 % présentent une paralysie cérébrale modérée à sévère ;
- 1,5 % souffrent d’une perte de vision des 2 yeux ;
- 2,5 % ont besoin d'une aide auditive ou d'implants cochléaires ;
- 15 % ont besoin d'aides à la mobilité telles que les orthèses, les dispositifs orthopédiques, un déambulateur ou un fauteuil roulant ;
- 49 % cependant n’ont aucune déficience neurodéveloppementale ou alors très légère,
- 29 % présentent une déficience neurodéveloppementale modérée,
- 21 % une déficience neurodéveloppementale grave.
L’amélioration globale des résultats est encourageante et peut servir de repères aux néonatalogistes et aux pédiatres lors des discussions avec les parents de bébés nés très avant terme.
« En tant que cliniciens, nous soutenons les parents dans un processus de prise de décision partagé lorsque les bébés naissent à la limite de la viabilité. L'accouchement imminent d'un enfant extrêmement prématuré est un facteur de stress majeur pour les familles. Pour aider les parents à faire face, il est important d’avoir des données fiables ».
Source: JAMA 18 Jan, 2022 DOI: 10.1001/jama.2021.23580 Mortality, In-Hospital Morbidity, Care Practices, and 2-Year Outcomes for Extremely Preterm Infants in the US
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