C’est un nouvel aperçu de la genèse du spina bifida qu’offrent ces travaux menés à l'Université de Californie (UC) – San Diego, qui identifient une microdélétion chromosomique en cause, et suggèrent aussi qu'une vitamine tout à fait « commune », l'acide folique, contribue à prévenir la maladie. Ces conclusions, publiées dans la revue Science, apportent un tout nouvel éclairage sur la pathogenèse du spina bifida, le trouble structurel le plus courant du système nerveux humain.
Les neuroscientifiques de l'UC San Diego et du Rady Children's Institute for Genomic Medicine décryptent le premier lien entre le spina bifida et une microdélétion chromosomique courante chez l'Homme. Les personnes porteuses de cette délétion chromosomique, présente dans une naissance vivante sur 2.500, présentent un risque de spina bifida plus de 10 fois supérieur- vs population générale. La recherche souligne également le potentiel du complément alimentaire acide folique dans la réduction du risque.
L’auteur principal, le Dr Gleeson, rappelle que le spina bifida, également connu sous le nom de méningomyélocèle, touche un nouveau-né sur 3.000. Le spina bifida ou tube neural ouvert est une malformation de la colonne vertébrale qui nécessite une intervention chirurgicale. Ses causes restent, pour la plupart, inconnues. Si quelques mutations ont été signalées comme associées, elles n’expliquent en effet qu’une toute petite partie du risque.
L’étude, ayant donc pour objectif d’identifier les causes génétiques de la maladie, s’est concentrée sur une minuscule délétion du chromosome 22. Les microdélétions chromosomiques font référence à une condition caractérisée par l’absence de plusieurs gènes dans un chromosome. La maladie cible de l’équipe de recherche, connue sous le nom de 22q11.2del, avait été impliquée dans un certain nombre de troubles neurologiques. Ils ont commencé à rechercher 22q11.2del chez les patients atteints de bifida spinal. La recherche est menée auprès de 715 patients, souffrant tous de la forme la plus grave de spina bifida. Ces participants ont subi un séquençage génomique complet conforme aux meilleures pratiques.
- Le séquençage a permis d’identifier 22q11.2del chez 6 patients sur 715 ;
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cette variation génétique est de loin la plus courante ayant été identifiée comme pouvant contribuer au spina bifida ;
- 8 autres patients atteints de spina bifida porteurs de la délétion ont ensuite été identifiés parmi une autre cohorte d'environ 1.500 participants ;
- la cause de la délétion 22q11.2 est ensuite identifiée comme liée à un seul gène connu sous le nom de CRKL ;
- ainsi, la perturbation de ce seul gène CRKL pourrait être suffisante pour déclencher le développement du spina bifida ;
- lorsque les scientifiques « retirent » ce gène à la souris, certaines souris développent des anomalies du tube neural, et certaines un spina bifida.
Les bénéfices de l'acide folique : l’acide folique peut tout à fait moduler le spina bifida médié par le CRKL. De nombreuses recherches chez l'Homme ont démontré qu'une supplémentation en acide folique ou vitamine B-9 réduit l'incidence du spina bifida et d'autres anomalies du tube neural jusqu'à 30 à 50 %, cette nouvelle recherche explique mieux pourquoi.
Pris ensemble, ces résultats suggèrent que l'acide folique pris par les femmes enceintes pourrait non seulement réduire le risque, mais également la gravité des anomalies du tube neural chez leur progéniture.
Source: Science 2 May, 2024 DOI : 10.1126/science.adl1624 Risk of meningomyelocele mediated by the common 22q11.2 deletion
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