On sait maintenant que via des modifications épigénétiques les habitudes alimentaires du père, voire son surpoids ou son obésité vont influencer la santé de l’enfant à naître. Cette étude de l’Université de l'Ohio suggère aussi aux hommes qui souhaitent avoir des enfants d’envisager de pratiquer plus souvent l’exercice. L’étude, menée sur la souris et présentée dans la revue Diabetes, montre en effet que l’exercice paternel a également un impact significatif sur la santé métabolique de la progéniture, et cela jusqu’à l’âge adulte.
Des études récentes ont déjà établi un lien entre le développement du diabète de type 2 et une altération de la santé métabolique et la mauvaise alimentation des parents. Des preuves de plus en plus nombreuses montrent que les pères jouent un rôle important dans l'obésité et dans la programmation métabolique de leur progéniture.
Ici, l’équipe a étudié l'impact du programme d'exercice d'un père sur la santé métabolique de sa progéniture sur un modèle de souris mâle nourri pendant 3 semaines, soit avec un régime alimentaire normal, soit avec un régime alimentaire riche en graisses. Certaines souris de chaque groupe de régime étaient sédentaires et d'autres pratiquaient librement l’exercice. Après 3 semaines, les souris et leur progéniture ont été réaffectées à un régime alimentaire normal dans des conditions sédentaires pendant un an. L’expérience montre que :
- la progéniture adulte des souris ayant pu faire de l’exercice ont un meilleur métabolisme du glucose, un poids corporel moins élevé et ainsi qu’une masse grasse réduite ;
- Au-delà, les enfants des mâles nourris avec un régime riche en graisses ont de moins bons résultats, dont une intolérance plus marquée au glucose. Cependant l'exercice a permis de neutraliser cet effet : cela signifie que la progéniture d’un mâle soumis à un régime riche en graisse mais autorisé à s’exercer bénéficie aussi de cette amélioration de la santé métabolique à l’âge adulte.
L’exercice aussi entraîne des modifications épigénétiques ou de l’expression des gènes du sperme du père et ces modifications suppriment les effets néfastes d’une alimentation trop riche et leur transfert à la progéniture. Les chercheurs notent en effet un changement significatif des ARNs. Cependant, il leur reste à déterminer quels ARNs en particulier sont responsables de ces améliorations métaboliques, où « cela se passe dans la progéniture » et pourquoi.
Chez les pères tout comme chez les mères : Ces bénéfices, obtenus via l’exercice du père, ont déjà été constatés, par de précédentes études, avec la pratique de l’exercice chez la mère. Dans ce cas, leur progéniture présentait également ces effets métaboliques bénéfiques. Alors, quels seront les effets, si les 2 parents pratiquent l’exercice ?
Il reste néanmoins à valider ces données chez l'Homme. « Nous savons que, chez les hommes adultes, l'obésité diminue les niveaux de testostérone, le nombre et la motilité des spermatozoïdes, ainsi que le nombre de naissances vivantes », concluent les chercheurs. « Si nous recommandons à un patient qui s'apprête à avoir un enfant de faire de l'exercice, même modérément et même un mois avant la conception, cela pourrait avoir un effet important sur la santé de son sperme et sur la santé métabolique à long terme de ses enfants ».
Source: Diabetes (In Press) Via Ohio State University Oct, 2018 Study: Dads Who Exercise Pass the Benefits to Their Children
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