L'exposition aux particules ultrafines, les plus petites particules de la pollution atmosphérique, limite le flux sanguin et les nutriments dans l'utérus, impactant ainsi négativement le système cardiovasculaire du fœtus, durant la grossesse. Prématurité, risque de malformations congénitales, retards de développement, séquelles respiratoires possibles, cette étude de l’Université Rutgers (New Jersey) présentée dans la revue Cardiovascular Toxicology, vient ainsi ajouter ces effets cardiovasculaires aux multiples effets néfastes pour le fœtus associés à l’exposition à la pollution durant la grossesse.
L'étude révèle qu'au début du premier trimestre et à la fin du troisième trimestre, il existe des fenêtres critiques au cours desquelles les polluants affectent plus fortement les systèmes cardiovasculaires de la mère et du fœtus. « Ces résultats suggèrent que les femmes enceintes, les femmes en âge de concevoir et les femmes qui suivent des traitements de fertilité devraient éviter les zones connues pour être touchées par la pollution atmosphérique. A minima, ces femmes devraient rester à l'intérieur durant les pics de pollution, pour réduire leur exposition », explique l’auteur principal, Phoebe Stapleton, professeur à l'Institut des sciences de la santé environnementale de Rutgers. « Les femmes enceintes devraient également surveiller la qualité de leur air intérieur. ».
Ce que la mère inhale affecte son système circulatoire, qui s'adapte en permanence pour fournir au fœtus un flux sanguin adéquat. L'exposition à ces polluants peut entraîner la constriction des vaisseaux sanguins, restreindre le flux sanguin vers l'utérus et priver le fœtus d'oxygène et de nutriments, ce qui peut retarder sa croissance et son développement. Cela peut également conduire à des complications de grossesse courantes, telles que des restrictions de croissance intra-utérines.
L'étude a examiné comment les systèmes circulatoires de souris gravides et de leurs fœtus répondaient à une seule exposition d'aérosols de dioxyde de titane- un substitut des particules présentes dans une pollution atmosphérique typique – au cours des premier, deuxième et troisième trimestres de gestation. Ces données ont été comparées aux résultats de souris gravides exposées uniquement à de l'air filtré. Cette analyse constate que :
- l'exposition aux polluants au début de la gestation a en effet un impact important sur le système circulatoire du fœtus, en particulier sur l'artère principale et la veine ombilicale ;
- une ’exposition ultérieure entraîne un impact critique sur la taille du fœtus car le flux sanguin limité de la mère prive le fœtus de nutriments au cours de cette étape finale.
- chez les animaux non gravides, même une seule exposition à ces nanoparticules s’avère associée à une altération de la fonction des artères utérines ;
- une exposition tardive durant la gestation (ou la grossesse si ces résultats sont répliqués chez les humains) peut limiter le flux sanguin maternel et fœtal, ce qui peut continuer à affecter l'enfant à l'âge adulte.
Alors que d'ici 2025, la production mondiale annuelle de particules de dioxyde de titane de taille nanométrique devrait atteindre 2,5 millions de tonnes métriques, que le dioxyde de titane est également utilisé couramment dans de nombreux produits de soins personnels, notamment les écrans solaires et les poudres pour le visage, ces résultats devraient, a minima, alerter les politiques, concluent les chercheurs.
Source : Cardiovascular Toxicology 07 February 2019 Effect of Gestational Age on Maternofetal Vascular Function Following Single Maternal Engineered Nanoparticle Exposure
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