L'exposition d'une mère à la pollution atmosphérique en suspension durant la grossesse est associée à une réduction de la réponse cardiaque au stress, chez les nourrissons âgés de 6 mois, révèle cette équipe du Mount Sinai (New York) publiée dans Environmental Health Perspectives. C’est la première étude à montrer que l'exposition in utero aux particules atmosphériques peut affecter la variabilité de la fréquence cardiaque, un facteur de risque bien connu de problèmes de santé. Un effet néfaste qui vient s’ajouter à de multiples effets déjà documentés de la pollution, en particulier aux périodes les plus sensibles de la vie.
Les chercheurs de l’école de médecine Mount Sinai nous rappellent que la variabilité de la réponse de la fréquence cardiaque aux expériences stressantes est essentielle au bon fonctionnement des systèmes cardiovasculaire, respiratoire et digestif. Cette variabilité ou capacité d'adaptation est également essentielle au bien-être émotionnel et à la résilience au stress au cours de la vie. Une diminution de la variabilité de la fréquence cardiaque est un facteur de risque déjà bien documenté de problèmes de santé mentale et physique plus tard dans la vie. En effet, les effets négatifs de la pollution atmosphérique sur la variabilité du rythme cardiaque peuvent favoriser le développement de cardiopathies, de l'asthme, d’allergies ainsi que de troubles de l'humeur ou du comportement.
L'exposition in utero à la pollution atmosphérique affecte la variabilité du rythme cardiaque du bébé
L’étude est menée auprès de 237 mères et leurs nourrissons avec prise en compte des données de pollution atmosphérique et d’exposition des mères pendant leur grossesse. Le rythme cardiaque et la respiration des bébés ont été évalués à 6 mois. L’analyse de ces données conclut que :
- plus la mère a été exposée à la pollution de l'air pendant sa grossesse, moins le rythme cardiaque du bébé varie en réponse au stress.
Détecter dès l’enfance les vulnérabilités précoces liées à la pollution : compte tenu de l’exposition mondiale croissante à la pollution atmosphérique et à ses microparticules, les conséquences médicales, développementales et psychologiques doivent être aujourd’hui mieux prises en compte lors du suivi pédiatrique, commente l’auteur principal, le Dr Rosalind Wright, doyenne de la recherche biomédicale translationnelle et professeur de pédiatrie, de médecine environnementale et de santé publique : « Une étape cruciale dans l'identification des enfants à risque de maladies chroniques consiste à identifier les expositions qui entraînent une vulnérabilité précoce ».
L’équipe appelle au développement de stratégies de prévention chez le bébé, dès le début de la vie, au moment où elles ont l’impact le plus important. Elle appelle également les politiques à réduire l'exposition aux particules et à informer les femmes en âge de concevoir des dangers d’une telle exposition.
Source: Environmental Health Perspectives (In Press) via Eurekalert (AAAS) 30-Oct-2019 Prenatal air pollution exposure linked to infants' decreased heart rate response to stress
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