Les naissances au domicile sont de plus en plus rares, en particulier en raison des risques associés. Cependant cette étude relève un avantage peu connu : les bébés nés à la maison ont des bactéries plus diverses et plus de bactéries bénéfiques. Loin d’inciter à accoucher à domicile, cette étude de l’Université Rutgers (New Jersey), présentée dans les Scientific Reports, suggère que les soins hospitaliers peuvent parfois affecter la flore intestinale du nouveau-né.
Selon l’étude, cette richesse bactérienne, constatée dans les intestins et les selles, va jouer un rôle clé et bénéfique dans le développement immunitaire et le métabolisme de ces bébés. L’implication suggérée est sous réserve de confirmation par des recherches supplémentaires, de chercher à réorganiser l'environnement hospitalier pour les naissances sans risque, de manière à se rapprocher des conditions de vie à domicile. Comprendre pourquoi les bébés nés à la maison ont un microbiote plus diversifié pendant au moins un mois après la naissance, par rapport à ceux nés à l'hôpital, pourrait aider en effet contribuer à prévenir la maladie plus tard dans la vie.
Le microbiome humain est constitué de milliers de milliards de bactéries, de champignons et de virus qui vivent dans et sur notre corps, dont plusieurs sont bénéfiques pour la santé et participent à prévenir les affections chroniques telles que l'obésité, le diabète, l'asthme et les maladies inflammatoires de l'intestin (MICI). En quelques mots, les microbes transmis de la mère au bébé aident à prévenir les maladies chroniques.
L’étude a suivi 35 nourrissons et leurs mères un mois après la naissance. 14 nourrissons sont nés à la maison (dont 4 dans l'eau) et 21 à l'hôpital. Les 35 accouchements ont eu lieu par voie vaginale sans intervention et sans traitement antibiotique maternel, tous les bébés ont été nourris exclusivement au sein. Tous les nourrissons ont été accouchés par des sages-femmes qui soutenaient les mères, et tous ont eu un contact peau à peau et ont commencé l’allaitement peu de temps après la naissance. Une analyse connexe d’échantillons fécaux des nourrissons d'un mois nés à l'hôpital montre une expression génique inflammatoire plus marquée dans un modèle de cellules épithéliales humaines, vs les nourrissons nés à la maison. Les cellules épithéliales recouvrant les membranes, la peau et les orifices de certains organes.
Finalement l'étude suggère qu’une réorganisation de l'environnement hospitalier pour les naissances sans complications, vers les conditions de vie à domicile, pourrait être bénéfique aux bébés et à leur santé plus tard dans la vie.
Des causes incertaines : si les raisons de ces différences entre les microbiotes intestinaux des nourrissons nés à la maison et dans les hôpitaux ne sont pas connues, les chercheurs font en effet l’hypothèse que des interventions hospitalières courantes telles que le bain du nourrisson et la prophylaxie par antibiotiques, ou des facteurs environnementaux – tels que les conditions d’asepsie à l'hôpital – pourraient être impliqués.
Source: Scientific Reports 23 October 2018 Differences in the fecal microbiota of neonates born at home or in the hospital
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