Les jeunes passent en moyenne 5 à 7 heures à l'écran pendant leurs journées de loisir. Alors que certains chercheurs s'interrogent sur les limites du temps passé à l'écran suggérées par les organisations de médecins, cette étude le réaffirme, la réduction du temps passé par l’enfant devant un écran participe à son bien-être. Les chercheurs de l’Université d'État de San Diego réaffirment ici, nouvelles preuves à l’appui, le lien entre le temps d’écran et l’équilibre mental des enfants et appellent à respecter les directives bien fondées établies par l’American Academy of Pediatrics, soit 1 heure par jour pour les 2 à 5 ans.
L’étude insiste sur la réduction des niveaux de bien-être et la relation dose-dépendante avec le temps d’écran, chez les 2 à 17 ans, avec une association particulièrement marquée chez les adolescents. L’étude alerte à nouveau sur l’incidence élevée des diagnostics d'anxiété ou de dépression chez les enfants dès l'âge de 2 ans, avec des temps d’écran trop élevés. Ainsi, même après seulement une heure d'écran quotidienne, les enfants et les adolescents peuvent commencer à faire montre de moins de curiosité, moins de maîtrise de soi, moins de stabilité émotionnelle et d’une plus grande difficulté à terminer les tâches, résume l’auteur principal, Jean Twenge, professeur de psychologie.
Les chercheurs ont analysé les données de la National Survey of Children's Health (2016), soit les données d’enquête menée auprès de 40.300 parents et personnes en charge d'enfants âgés de 2 à 17 ans. L’enquête couvrait entre autres items, les soins médicaux, les problèmes affectifs, les troubles développementaux et comportementaux, le temps d'écran quotidien bien sûr. Ont été exclus de l’analyse les jeunes atteints d'autisme, de paralysie cérébrale et de retard de développement. Les résultats sont frappants :
- les adolescents qui passent plus de 7 heures par jour à l'écran sont 2 fois plus susceptibles – vs 1 heure- de recevoir un diagnostic d'anxiété ou de dépression clinique ;
- les liens entre le temps passé devant un écran et le bien-être s’avèrent plus marqués chez les adolescents que chez les très jeunes enfants ;
- une utilisation modérée des écrans, d’environ 4 heures par jour est déjà associée à un bien-être psychologique réduit ;
- les enfants d'âge préscolaire grands utilisateurs d'écrans sont 2 fois plus susceptibles de perdre leur maîtrise de soi, 46% sont plus susceptibles de ne pas pouvoir se calmer lorsqu'ils sont excités ;
- chez les adolescents âgés de 14 à 17 ans, 42,2% de ceux qui passent plus de 7 heures par jour sur l'écran ne terminent pas leurs tâches, vs 16,6% pour 1 heure d’écran par jour et 27,7% pour 4 heures d'écran par jour ;
- 9% des jeunes âgés de 11 à 13 ans qui passent une heure quotidiennement sur écran sont réfractaires à tout apprentissage, vs 13,8% pour 4 heures et 22,6% pour 7 heures.
Les conclusions apportent des informations précieuses et qui méritent d’être rappelées à une époque où les jeunes ont davantage accès aux technologies numériques et passent plus de temps à les utiliser à des fins de divertissement. Se pose de plus en plus la question de la dépendance aux technologies alors qu’au même moment, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé d’inclure les troubles liés au jeu dans la onzième révision de la Classification internationale des maladies. L'OMS souhaite ainsi encourager les professionnels de santé à porter une attention accrue aux risques de développement de cette forme de dépendance.
C’est une preuve supplémentaire du bien-fondé des limites de temps d’écran établies par l’American Academy of Pediatrics, soit 1 heure par jour pour les plus petits notamment. L'étude suggère en effet que des limites similaires soit un maximum de 2 heures par jour pour les enfants et les adolescents d'âge scolaire.
En conclusion, les chercheurs rappellent que la moitié des problèmes de santé mentale se développent à l'adolescence et qu’il est nécessaire que les professionnels de la santé de l’Enfant et de l’Adolescent identifient un excès d’écran comme un facteur susceptible de favoriser le développement de tels troubles.
Car ce facteur est évidemment évitable.
Source : Preventive Medicine Reports 18 October 2018 DOI : /10.1016/j.pmedr.2018.10.003 Associations between screen time and lower psychological well-being among children and adolescents: Evidence from a population-based study
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