Si la transmission verticale de l’infection à SARS-CoV-2 de la mère enceinte au nourrisson est rapportée dans quelques études de cas *, les dernières recherches suggèrent des résultats maternels, fœtaux et néonatals chez ces femmes enceintes COVID-19, meilleurs que chez des femmes enceintes infectées par le SRAS (SARS-CoV-1). Ainsi, dans la plupart des cas, les caractéristiques cliniques des patientes enceintes atteintes de COVID-19 sont comparables à celles de femmes non enceintes avec COVID-19. Cette nouvelle analyse de la Northwestern University (Chicago), présentée dans l’American Journal of Clinical Pathology identifie cependant une anomalie sévère dans les placentas de femmes enceintes COVID-19 positives.
C’est donc une nouvelle complication de COVID-19 qui vient d’être révélée, en cas de grossesse donc, soit un type de lésion observé dans les placentas (Voir visuel : placenta connecté au cordon ombilical montrant un flux sanguin anormal) qui dérégule le flux sanguin de la mère au bébé. Ces premiers résultats qui doivent encore être validés vont aider à améliorer la prise en charge et la surveillance des femmes enceintes diagnostiquées COVID-19.
Une inflammation sévère et une taille réduite du placenta
Les chercheurs analysent ici, juste après la naissance, les placentas de 16 femmes testées positives pour COVID-19 pendant leur grossesse et identifient des signes de blessure : « la plupart de ces bébés sont nés à terme après des grossesses normales, donc nous ne nous attendions pas à trouver des lésions dans les placentas », relève l’auteur principal, le Dr Jeffrey Goldstein, professeur de pathologie à la Feinberg School of Medicine. « Ces anomalies ne semblent pas induire de résultats négatifs chez les nourrissons nés vivants, mais impliquent une surveillance plus étroite des femmes enceintes atteintes de COVID ».
Une inflammation sévère du placenta : dans cette étude, 15 participantes COVID-19 ont accouché de nourrissons vivants à la fin du 3è trimestre de grossesse et l’une d’entre elles a fait une fausse couche au 2è trimestre. Alors que cette patiente était asymptomatique, les chercheurs ignorent si le virus a pu déclencher la fausse couche. Dans la littérature, 4 autres cas de fausse couche avec COVID-19 ont été rapportés. Dans cette nouvelle étude, les 3 quarts des patientes présentaient une inflammation sévère du placenta. Les bébés sont néanmoins nés à terme et en bonne santé, même si les analyses indiquent qu'une grande partie de la circulation sanguine a été bloquée et que de nombreux placentas étaient plus petits que la normale.
Une préoccupation qui mérite une surveillance : si les chercheurs n’ont pas identifié à ce stade d’effets particuliers sur la santé du bébé, ils se déclarent inquiets : « cet aperçu dont COVID-19 pourrait provoquer des changements dans le placenta a des implications assez importantes pour la grossesse. Nous devons revoir la surveillance des femmes enceintes durant cette pandémie ». Cette surveillance accrue pourrait consister en tests permettant de vérifier dans quelle mesure le placenta délivre bien de l'oxygène, ou par échographie pour surveiller la croissance du bébé.
L'examen du placenta permet à un pathologiste de suivre de manière rétroactive la grossesse d'une patiente pour savoir « ce qui est arrivé » au bébé in utero ou ce qui pourrait arriver à la mère et à l'enfant après la naissance. Le placenta est le premier organe à se former au cours du développement fœtal. Il agit comme les poumons, les intestins, les reins et le foie du fœtus, absorbant l'oxygène et les nutriments du sang de la mère et éliminant les déchets. Le placenta est également responsable de nombreux changements hormonaux dans le corps de la mère. Un placenta endommagé peut entraîner des conséquences désastreuses, et, dans cette étude très limitée, ces résultats suggèrent que l’apport en oxygène pourrait ne pas être optimal chez ces mères testées positives au SRAS-CoV2.
Les placentas présentaient 2 anomalies :
- un flux sanguin insuffisant de la mère au fœtus avec des vaisseaux sanguins anormaux constitutifs d’une malperfusion vasculaire maternelle, cependant une seule des 15 participantes présentait une prééclampsie ou une hypertension ;
- des caillots sanguins dans le placenta, appelés thrombi intervilleux.
Ces données ne sont pas si surprenantes en regard des troubles de la coagulation et des lésions vasculaires retrouvés chez les patients COVID-19, concluent les auteurs.
Source: American Journal of Clinical Pathology 22 May 2020 DOI :10.1093/ajcp/aqaa089 Placental Pathology in COVID-19 (Visuel 2 Northwestern University)
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